Devons-nous rester SA-GE ?


(For once a post in French as I ponder about a francophone community of practice, SA-GE – I have offered a short translation in English at the bottom of this post).

SA-GE (Savoirs-Gestion), la petite sœur de KM4Dev qui a vu le jour en amont de la rencontre annuelle de KM4Dev de Bruxelles en octobre 2009, a-t-elle atteint maturité ? A un moment où je me pose de sérieuses questions sur l’avenir des communautés de pratique au vu de la difficulté à en maintenir l’énergie, la raison d’être et la pertinence – j’y reviendrai bientôt, dans un post ultérieur et alors qu’une discussion récente et très active (en anglais) compare KM4Dev et KBF (Knowledge brokers’ forum) – la question qui me taraude est donc : y a-t-il un avenir pour SA-GE?

The language communities of Twitter even show no sign of French in Africa, what does this say of SA-GE? (credits - Eric Fischer / FlickR)
The language communities of Twitter even show no sign of French in Africa, what does this say of SA-GE? (credits – Eric Fischer / FlickR)

Ce qui est sûr c’est que SA-GE :

  • Demeure une communauté de pratique unique en français sur la gestion des connaissances pour le développement et devrait donc vraiment remplir les besoins de cette ‘niche’;
  • Est reconnue, au moins au sein de KM4Dev comme un réseau et une communauté à part entière, ayant son utilité;
  • Compte un noyau dur (révélé par l’analyse des réseaux sociaux -en anglais-  entreprise dans l’ensemble de la constellation KM4Dev et recoupant également SA-GE) qui joue peut-être un rôle trop présent;
  • Compte des sous-communautés ou groupes associés assez actifs (au Sénégal et au Burkina Faso notamment);
  • Comprend régulièrement des envois et posts ‘informatifs’ mais ne semble pas décoller bien haut ou atterrir bien loin quand il s’agit de converser;
  • Semble bénéficier tant soit peu d’un certain élan grâce aux initiatives qui gravitent autour de temps à autre :
  • En dépit d’un excellent travail (soutenu par le fonds d’innovation 2012 de KM4Dev) pour remettre en état et organiser la partie documentaire de son wiki par l’intermédiaire de Gilles Mersadier, l’initiative n’a généralement pas suffisamment mobilisé les membres.

Mais quel diagnostic en faire ? Et quels remèdes adopter, s’il y a lieu d’en adopter ?

Mon diagnostic est le suivant :

Un nombre trop faible de membres ne permet pas d’échanger suffisamment, parmi des membres qui seraient sans doute plus heureux de le faire face-à-face plutôt que par écrit. Un nombre encore plus faible de membres (dont je fais partie, quoique de manière de moins en moins visible), anime trop souvent les échanges et ne laisse peut-être pas assez d’espace aux autres membres pour prendre leur élan.

L’absence de réunion ‘physique’ entre les membres ne permet pas d’entretenir suffisamment le lien entre tous et conséquemment ne permet pas de maintenir des échanges nourris.

Un certain nombre de membres de SA-GE sont également membres de KM4Dev et bénéficient davantage de la masse critique et de l’expérience de cette communauté pour vraiment tirer parti de SA-GE. Par ailleurs, un certain nombre d’entre nous évoluons dans des organismes (ou dans un système, secteur ou domaine) majoritairement anglophones, ce qui ne nous expose pas souvent à des conversations et documents en français – et la traduction est un obstacle supplémentaire à la spontanéité des échanges.

Aucun modérateur attitré ne s’occupe de la communauté en raison de l’absence de ressources à cet effet et des limitations du modèle, alternatif, de volontariat distribué (qui que ce soit peut animer la communauté comme il/elle l’entend). En lien avec ce problème, SA-GE reste trop périphérique à KM4Dev et tout investissement dans cette dernière n’atteint que trop rarement SA-GE – le fonds d’innovation 2012 et l’analyse partielle du réseau social de SA-GE demeurent des exceptions dans le cadre du programme d’appui du FIDA (Fonds International de Développement Agricole) pour l’Afrique) à KM4Dev.

Enfin, la production de documents en français (sur le sujet de la gestion des connaissances) et la tenue de conversations sur la gestion des connaissances sont peut-être trop anecdotiques dans le monde francophone pour susciter un réel engouement, se réverbérant sur une communauté comme SA-GE – voir la carte des langues sur Twitter pour nous en donner une appréciation relative.

En bref : trop peu de gens, pour trop peu d’intérêt et d’opportunités, avec trop peu de ressources et trop peu de confiance (i.e. connaissance) mutuelle entre les membres étouffent les opportunités de faire de SA-GE une communauté vibrante. Peut-être la question n’est-elle pas de ‘rester’ SA-GE mais d’avoir formé cette communauté trop tôt ?

Mes recommandations sont les prochaines :

Malgré les défis mentionnés ci-dessus je crois vraiment que SA-GE doit perdurer et que ses membres peuvent bénéficier bien davantage de cette communauté, sous certaines conditions :

  • Ses membres doivent s’en faire ambassadeurs, autant que possible, au sein de leurs organismes respectifs, au sein de KM4Dev, et dans d’autres réseaux spécifiques mais liés au domaine de SA-GE ;
  • Ses membres qui font également partie de KM4Dev se prononcent régulièrement pour faire bénéficier SA-GE d’activités et opportunités proposées pour KM4Dev – l’idée actuelle d’un montage de lettre d’actualités KM4Dev (en anglais) pourrait être une idée à poursuivre sur SA-GE à ce titre ;
  • Des organisations francophones mettent en œuvre des ateliers permettant aux membres de SA-GE de se retrouver et de discuter, à l’instar de la FAO (et de l’excellent travail de Sophie Treinen, entre autres, en ce sens) ;
  • Les sous-réseaux locaux continuent d’animer des rencontres et n’hésitent pas à partager les résultats des rencontres (pas la logistique de la tenue de ces rencontres) pour stimuler des échanges au-delà de leur propre échelle géographique ;
  • Un système de pairs / correspondants pourrait se mettre en place pour organiser des échanges entre deux membres de SA-GE géographiquement éloignés l’un de l’autre (reprenant entre autres l’idée des ‘buddies’ de la semaine de la communauté africaine) ;
  • Des opportunités de financement pourraient être poursuivies pour doter la communauté d’un(e) facilitateur(rice) pour renforcer les échanges et leur documentation. Ces opportunités sont peut-être à poursuivre auprès de la communauté de la francophonie. Un groupe d’intérêt pour le financement de KM4Dev existe d’ailleurs depuis peu (en anglais);
  • D’autres activités telles que l’actualisation du wiki permettent à tout un chacun de découvrir la richesse de SA-GE ;
  • Les membres pourraient tout simplement commenter leur travail et leurs idées de manière plus systématique…
  • Un sondage pourrait être initié auprès des membres de SA-GE pour identifier ce qu’ils en retirent, ce qu’ils apprécient, ce qui leur semble manquer et ce qu’ils seraient prêts à contribuer le cas échéant. Avec une question subsidiaire : ‘Quelle serait votre réaction si SA-GE cessait d’exister ?’

Parfois, nos (mes) hypothèses de perfusion d’une communauté qui n’est pas en pleine forme ne veulent pas suffisamment confronter la vérité : peut-être vaut-il mieux se débarrasser de SA-GE après tout… ?

Qu’en pensez-vous ? Y a-t-il un avenir pour cette communauté ? Devons-nous rester en tant que SA-GE ?

Billets en relation :

(English – short – translation)

SA-GE is the sister community of KM4Dev since its inception in 2009 and has so far benefitted from a number of activities related to KM4Dev (see the list in French above). Yet it remains a not-so-vibrant community of practice (CoP), perhaps not unlike many other CoPs but still…

Looking at this, I reckon that despite the obvious niche SA-GE is occupying, the main issues are: not enough face-to-face events leading to trust-building, not enough people in the community (no critical mass) with a mandate to share information in French and relate SA-GE to their own domain’s conversations in French, not enough time and money to properly facilitate and attend to SA-GE and the francophone KM CoP remains too far at the edges of KM4Dev.

So what can be done? Heaps! Here are some ideas: Be an ambassador for SA-GE within our own organisations, and within KM4Dev; organising more face-to-face events or piggybacking on these to allow SA-GE members to meet each other; seizing every opportunity within KM4Dev (such as the newsletter work that is upcoming) to tag SA-GE along; more continuous exchanges within regional hubs such as SA-GE Burkina Faso or KM4Dev Dakar; a peer/buddy system among pairs of SA-GE members to have more exchange and meeting each other; identifying funding opportunities to find more sustainable resources for proper facilitation; entertaining more activities like the recent SA-GE wiki update; commenting one’s own KM activities in French on SA-GE; starting a survey among SA-GE members to find out what they benefit from it, what they miss, what they would like to do for it and perhaps why they might bother (or not) if SA-GE ceases to exist.

It’s always been my conviction that there was a point for SA-GE but perhaps I just don’t want to confront the reality and indeed SA-GE has no raison d’être after all?

What do you think? What would you do?

Published by Ewen Le Borgne

Collaboration and change process optimist motivated by ‘Fun, focus and feedback’. Nearly 20 years of experience in group facilitation and collaboration, learning and Knowledge Management, communication, innovation and change in development cooperation. Be the change you want to see, help others be their own version of the same.

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